Afrique-effritement de la France-Afrique
Afrique-effritement de la France-Afrique

(Agence de presse panafricaine) -A la faveur de l’effritement de leurs relations avec Paris, l’axe Alger-Bamako se renforce ces derniers jours. Entre le déplacement du Chef de la diplomatie algérienne dans la capitale malienne et ses déclarations virulentes à l’encontre d’Emmanuel Macron et la convocation par le gouvernement de transition de l’Ambassadeur de France au Mali, l’Elysée est dans la ligne de mire des deux pays africains.   

 

 

 

Engagé dans une campagne avant l’heure, le président français se fend ces derniers temps de déclarations et prend des mesures, pour contenter un certain électorat. Après avoir annoncé la réduction drastique de délivrance de visas pour certains maghrébins, Emmanuel Macron a tancé les autorités algériennes dont il a traité la gouvernance de système politico-militaire qui entretiendrait une «rente mémorielle». Ceci, quelques jours après avoir répondu avec virulence aux déclarations du Premier Ministre malien Choguel Maïga qui à la tribune des Nations Unies avait accusé la France «d’abandon en plein vol». Le président français avait traité de « inadmissibles et de honteux» ces déclarations et invité les autorités de transition au Mali «issues d’un double coup d’Etat» de se conformer aux directives de la CEDEAO en organisant au plus tôt, des élections. Une sortie du Président français qui a provoqué le courroux de Bamako. Mardi dernier, l‘Ambassadeur de France au Mali a été convoqué par les autorités maliennes suite aux «propos inamicaux et désobligeants» tenus par Emmanuel Macron, a informé un communiqué du Ministère des affaires étrangères. Il a été signifié au diplomate français, «l’indignation et la désapprobation du Gouvernement du Mali face à ces propos regrettables qui sont de nature à nuire au développement de relations amicales entre nations». La diplomatie malienne, a en outre appelé la France à «se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme dans le Sahel».

 

Rapprochement circonstanciel

Dans la foulée de cette sortie musclée, les autorités maliennes ont reçu le soutien de l’Algérie. Le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Étranger, Ramtane Lamamra, s’est rendu mardi à Bamako, pour exprimer la solidarité de l’Algérie avec le peuple et le gouvernement maliens. Ramtane Lamamra a été reçu en audience par Assimi Goïta, président de la transition et par Choguel Kokalla Maiga, Premier ministre. «Le président de la République Abdelmajid Tebboune m’a dépêché auprès du Président de la transition et auprès du Premier ministre pour témoigner la solidarité agissante de l’Algérie au peuple, au gouvernement malien, en cette période de l’histoire contemporaine de votre nation avec laquelle nous avons un destin commun», a fait savoir l’émissaire d’Alger. Le diplomate algérien n’a pas raté l’occasion de lancer des piques aux autorités françaises : «Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire, ils ont besoin de se libérer, de certaines habitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue civilisation de l’occident qui a été la couverture idéologique pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité».

 

 

Et à Lamamra de poursuivre que «Cette décolonisation opérée s’annonce comme une priorité pour faire en sorte que ce que je qualifierai de faillite mémorielle que trahissent les propos concernant l’Algérie, le Mali qui ont été tenus récemment par les autorités françaises. Donc, cette faillite mémorielle, qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays, devrait pouvoir s’assainir par un respect mutuel inconditionnel et acceptation de partenariat sur une base de stricte égalité», a souligné le ministre algérien des Affaires étrangères. «Nous nous tenons aux côtés du Mali frère, nous rappelons à qui veut bien nous entendre et entendre nos voix de la raison que l’Afrique qui est le berceau de l’humanité est également le tombeau du colonialisme et du racisme. Et la lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l’accélération de cette histoire et nous en sommes très fiers de cette contribution à l’émancipation du peuple africain», a martelé la même source. Il a ajouté que ceci «nous impose le devoir de rester extrêmement vigilants, engagés lorsqu’il s’agit de préserver notre dépendance nationale comme celle de nos pays frères, voisins et amis, les destins du Mali et de Algérie sont étroitement liés. Et nous ne pouvons que témoigner notre solidarité agissante et travailler à régler ensemble nos problèmes pour que nous puissions nous projeter dans l’avenir avec confiance et convaincus que la solution de nos problèmes est entre nos mains». Voilà quelques morceaux choisis du président algérien à Bamako qui n’augure pas d’un réchauffement des relations entre l’Algérie, le Mali et la France.

 

 

 

Par Hermine Yeye pour (App)

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