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Paludisme

(Agence de presse panafricaine) -Toutes les deux minutes, un enfant meurt du paludisme sur le continent africain. Retour sur les attentes légitimes placées en la découverte d’un vaccin.

 

 

 

Ces derniers mois, la pandémie mondiale de Covid-19 a éclipsé d’autres épidémies dévastatrices comme le paludisme, qui demeure un fléau en Afrique. Des centaines de chercheurs tentent de stopper le « palu », parfois par des moyens un peu fous, comme en utilisant des moustiques génétiquement modifiés. Reportage au Burkina Faso. Dans la cour du chef de village de Bana, des femmes et des jeunes filles s’activent autour des marmites. La matinée touche à sa fin, et les hommes vont bientôt revenir des champs. Ils auront faim. Assis sur une chaise brinquebalante, le chef de village, Tiesira Sanou, un quinquagénaire usé par le temps, ne cache pas sa mauvaise humeur. Des journalistes, des chercheurs, ou il ne sait quoi encore, voilà des années qu’il en reçoit ici, dans cette paillote de fortune. Et qu’il n’en tire aucun bénéfice. Même les scientifiques qu’il avait accueillis avec enthousiasme au début commencent à l’agacer.

 

Un essai clinique sans éthique est de plus en plus improbable en Afrique

«Dans cette histoire, que gagne-t-on ? maugrée-t-il en langue dioula pendant que l’un de ses fils, Mamadou, la trentaine, traduit. «Il y a des années, on est venu nous voir pour nous proposer de participer à quelque chose qui allait nous permettre d’en finir avec le palu. Mais le palu est toujours là. Nos enfants en meurent autant qu’avant. Pourquoi nos jeunes devraient répondre à des questions au lieu d’aller aux champs ! ?» Un membre du conseil de village approuve. Mamadou, le traducteur d’un jour, est gêné. « Il faut nous comprendre, expliquera-t-il plus tard. Le projet a commencé en 2012, et rien n’a été fait pour le village depuis. On avait demandé (…) un endroit pour accueillir les étrangers, un logement pour les enseignants de l’école, un centre de santé et une meilleure route pour venir ici. Mais on n’a rien vu.»

 

5 chiffres à retenir

Depuis Bobo-Dioulasso, la grande ville du sud du Burkina Faso, il faut compter une trentaine de minutes en voiture pour rejoindre Bana, longer une enfilade de boutiques qui mènent à l’université Nazi-Boni, passer devant un « maquis » (le nom donné aux bars à ciel ouvert en Afrique de l’Ouest) blotti dans un coin de la forêt classée de Dindéresso puis emprunter une piste en latérite quasi impraticable durant la saison des pluies, qui surplombe une rivière rougie par la terre. C’est ici, dans ce village aux cases éparpillées dans la nature, où il n’y avait pas d’école il y a encore moins de dix ans, où il n’y a ni mairie ni centre de santé, hormis un petit dispensaire dirigé depuis quelques années par un pasteur, et où la vie est rythmée par les saisons et les récoltes, qu’est mené l’un des projets scientifiques les plus ambitieux de la planète. Et l’un des plus polémiques, qui soulève une question aussi vieille que la science : jusqu’à quel point peut-on modifier le vivant pour améliorer l’existant ? Et qui, au Burkina, en soulève. Ce n’est pas encore l’éradication du paludisme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) voudrait en voir la fin en 2025. Pour l’heure, le parasite Psalmodium falciparum transmis par un moustique rend malade 229 millions de personnes et en tue 400 000 chaque année, à 94 % en Afrique. Et dans 67 % des cas, la mort frappe des enfants de moins de cinq ans.

 

 

 

Par Endy Pascale Ngueng

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