(Agence de presse panafricaine) -Faute de matière première, le transformateur du coton Cicam ferme son usine de Garoua en conséquence d’un financièrement fragile, depuis de nombreuses années, en raison de la concurrence farouche que lui livrent les tissus importés de Chine et de l’Afrique de l’Ouest, la Cicam, unique transformateur du coton en Afrique centrale, encaisse un nouveau coup dur.
Depuis le 18 octobre 2020, la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) a dû fermer son usine de Garoua, dans la partie septentrionale du pays, envoyant ainsi 352 employés au chômage. Cette fermeture, apprend-on de sources crédibles, est consécutive à la décision de la Société de développement du coton (Sodecoton), de suspendre les livraisons de la matière première à cette entreprise publique qui cumule 1,3 milliard FCFA d’impayés vis-à-vis d’elle. De fait, selon le protocole d’accord qui lie les deux entreprises, apprend-on de sources proches du dossier, la Sodecoton est fondée à interrompre les approvisionnements, dès lors que l’encours de la dette atteint 200 millions F Cfa. Mais, dans le cas d’espèce, la société cotonnière a dû faire de nombreuses concessions, avant de se résoudre à passer à la vitesse supérieure :«Avant la Covid, cet encours culminait déjà à 600 millions F Cfa. Mais, la Cicam a argué de l’opportunité de fabriquer les masques et de les vendre que lui offrait la Covid, pour pouvoir apurer sa dette. Malheureusement, l’encours de la dette a plutôt explosé, atteignant désormais 1,3 milliard F Cfa», explique une source qui s’est rapprochée de notre agence. L’ire de la Sodecoton provient surtout du fait que, analyse une source bien informée, malgré la dette réclamée par la Sodecoton, la Cicam a cru devoir importer «entre-temps, pour 600 millions FCFA d’écrus (tissu nom imprimé), produit fini de l’usine de Garoua, qui permet d’approvisionner en matière première l’usine de Douala». Toute chose qui peut témoigner du peu de cas que le top management de la Cicam fait de la situation de l’usine de Garoua. Pourtant, à plein régime, cette unité procure à la Cicam environ 600 000 mètres d’écrus par mois, pour une consommation de coton évaluée à environ 120 millions F Cfa.
Conséquences plurielles
Avec la fermeture de l’usine de Garoua, la Cicam pourrait, comme ce fut déjà le cas en 2020, connaître quelques perturbations dans la production du pagne du 8 mars 2021, date qui marque la célébration de la Journée internationale de la femme. Cet évènement permet chaque année à cette entreprise publique de réaliser une part importante de son chiffre d’affaires. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que même les importations des écrus peuvent être perturbées par les problèmes de logistique internationale induits par la crainte de la généralisation d’une 2e vague du coronavirus dans le monde. Bien plus, desservie par un défaut de qualité de l’avis de nombreux consommateurs, ces derniers ont tôt fait de jeter leur dévolu sur d’autres marques telles Vlisco ou Wax, provenant généralement de l’Afrique de l’Ouest et jugées plus habillantes. Pourtant, l’entreprise a de tout temps fondé son équilibre sur les commandes spéciales attachées aussi bien aux évènements socioculturels que des tenues associatives qui depuis peu ont été préférées aux tee-shirts floqués ou transférés plus compétitifs en termes de coût d’acquisition.
Hermine Yeye pour (App)