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Emmanuel Macron

(Agence de presse panafricaine) -Trois ans après le discours de Ouagadougou, le chef de l’État français s’est longuement confié à la presse pour évoquer son bilan et les sujets brûlants de l’actualité.

 

 

 

Cela fait tout juste trois ans qu’Emmanuel Macron a prononcé son discours de Ouagadougou. Arrivé six mois plus tôt à l’Élysée, le chef de l’État français y dévoilait, face à un amphithéâtre bondé, les contours de la relation qu’il entendait tisser avec l’Afrique. En formulant une promesse serinée par tous ses prédécesseurs depuis le général de Gaulle : il allait en finir avec la Françafrique, ses liens troubles et ses réseaux obscurs. Si sur la forme le changement s’annonçait radical, on constate plutôt à notre détriment que Macron perpétue plutôt la maxime selon laquelle seuls les intérêts priment entre les états et notamment avec ceux relevant des anciennes colonies françaises. Un dirigeant français qui n’avait pas encore la quarantaine affrontait un auditoire jeune, en «live» et sans filet, répondant à toutes les questions, y compris aux moins diplomatiques. Élaboré avec le concours de son Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), une autre originalité de la méthode Macron, ce discours annonçait une feuille de route précise. Pourtant aucune avancée jusqu’alors en vue d’une hypothétique avancée dans l’optique de la fin d’un paternalisme inhibiteur à souhait. Pire encore, on essaie maladroitement d’infantiliser des états prétendument souverains pour faire prévaloir une préséance pourtant désormais caduque. Certes, il y eut des mesures hautement symboliques tenant notamment de la restitution du patrimoine africain, la transmission des archives françaises sur l’assassinat de Thomas Sankara ou le rapprochement avec le Rwanda, il en est de même d’accroître la coopération dans les secteurs de l’éducation, de l’entrepreneuriat, du développement durable ou de la culture.

 

 

Mais c’est surtout sur le plan économique que le changement de logiciel était censé s’opérer, notamment vis-à-vis des poids lourds non francophones du continent que sont le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana, l’Angola ou encore l’Éthiopie. Et quand bien même pour ce faire, Emmanuel Macron reçut en le palais de l’Élysée, le 16 novembre, en son bureau de nombreux Chefs d’états africains, il s’en tint uniquement à évoquer la lutte anti-terroriste dans le Sahel, la première année au pouvoir de l’Algérien Abdelmadjid Tebboune, le Sahara occidental, les troisièmes mandats d’Alpha Condé et d’Alassane Ouattara, le cas Guillaume Soro, ses relations avec Paul Kagame ou le néocolonialisme sans jamais se départir de la posture de maître de ses homologues africains… mais y allant plutôt de manière discriminatoire, il a laissé prospérer des potentats en avalisant des 3e mandats dans l’espace francophone africain pourtant porteurs de crises sociopolitiques morbides majeures à l’instar de ce qui se passe depuis peu en Guinée et en Côte d’Ivoire. Or, les générations contemporaines africaines ont besoin de comprendre, de toucher, de posséder leur histoire, de se la réapproprier. Et même si le rapport Sarr-Savoy a été extrêmement ambitieux, et il a ouvert beaucoup de débats partout en Europe et dans le monde. Ils ont fait un travail remarquable, qui nous a permis d’avancer, tant il est vrai que cette réforme importante, conclue par un accord signé lors de son dernier voyage en Côte d’Ivoire, met fin à un marqueur très symbolique qui alimentait beaucoup de fantasmes et de critiques. Il  voulait en réalité impulser une nouvelle dynamique dans la relation économique qui unit la France et le continent, à travers la plateforme Digital Africa, mais aussi grâce au sommet des financements pour l’Afrique qui devait avoir lieu en mai 2020, à Paris. Pendant ce temps, ni barkhane et encore moins le G5 sahel ne parviennent à éradiquer la menace terroriste sur le continent et singulièrement dans l’espace francophone où la France voudrait pourtant être assimilée au gendarme, quand bien même les opérations militaires sont plutôt du ressort des soldats africains notamment tchadiens et mauritaniens.

 

Nyobe Baudouin

Directeur Afrique de l’App

              et

Président de la convention panafricain des médias

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