(Agence de presse panafricaine)-Dans un cadre démocratique ou au sein de tout autre aménagement politique et juridique, l’establishment a l’appréhension de recourir  à l’homme providentiel. L’origine sociale, la fortune, les compétences et l’aura personnelle, orientent diversement le choix du public dans le système sociopolitique et économique. Le contexte historique particulier,  dans une intensité relative, propulse au premier plan des personnages. Suivant la Constitution russe, après deux mandats successifs, le chef de l’état  cédait le fauteuil présidentiel au candidat élu. Poutine a opportunément alterné son poste avec celui de la primature, avant de revenir pour régner plus longtemps au Kremlin.

 

 

 

Le continent africain n’a pas le monopole de contourner les commodités juridiques et politiques, pour privilégier un individu, une famille ou un clan. Au lieu de fustiger une gérontocratie de soviets dans les instances nationales, les critiques portent essentiellement sur le président de la république qui reste indéfiniment à la tête de l’état. Un régime à durée indéterminée ne survivrait pas à l’usure  du pouvoir, en cas de vote transparent et honnête. Sur tous les continents, suivant la variante démocratique supposée qui prévaut, hommes, femmes, conjoints, parents et leurs enfants, ont tour à tour brigué la fonction de chef d’état dans leur pays respectif.

 

 

Le Kenya s’est particularisé par la rivalité et la cogestion de deux ténors  politiques, de l’époque coloniale aux premières années de l’indépendance. Kenyatta en était le président, Odinga deuxième personnage de l’état. Leurs enfants se sont plus tard combattus à leur tour, avant de se donner la main pour un vote utile. Le chef de l’état sortant Ohuru Kenyatta s’était abstenu de cautionner son vice-président avec lequel il avait été élu sur le même ticket, quelques années plutôt. Il apportait son soutient à son rival viscéral Raila Odinga, dans la perspective d’élections générales imminentes. Les péripéties de rivalité et les  retrouvailles de circonstance jalonnaient la vie des deux familles kenyanes de notoriété publique. En Asie, Nehru fut relayé dans la gestion gouvernementale par sa fille Indira Gandhi. Un fils de celle-ci qui lui succéda, fut assassiné ; du coup, la continuation dynastique fut interrompue en Inde. Zulfikar Ali Bhutto et sa fille Benazir, à quelques années d’intervalle, ont respectivement gouverné le Pakistan, avant d’être assassinés. Dans la perspective d’élections, Corazon  Aquino s’était substituée à son conjoint tombé sous les balles d’un meurtrier aux Philippines ; elle remporta le scrutin face  au président sortant Marcos. Ce dernier accusé d’atteintes aux droits humains, de répression féroce, et d’accaparement des richesses nationales, a été chassé du pouvoir. Plus de trois décennies plus tard, son petit-fils remportait  triomphalement les élections présidentielles en 2022, marquant le retour du clan Marcos aux affaires. En Corée du Nord, régnait le dirigeant communiste Kim Il Sung. Une dynastie s’y instaurait depuis la Guerre froide. L’état qui a ensuite été gouverné par le fils Kim Jong Il, subsiste encore sous l’autorité du  petit-fils. Aux Amériques, le flambeau du parti justicialiste du général Perón qui régna sur l’Argentine, avait été repris par son épouse devenue aussi chef de l’état argentin. Dans les prolongements du Vent d’Est, ce pays a ensuite été gouverné à tour de rôle par les époux Krischner. Au Nicaragua, Daniel Ortega, président de la République, dont l’épouse est la vice-présidente,  gouverne avec un régime au sein duquel des membres de sa famille s’attribuent les rôles essentiels. Aux U.S.A, la Maison Blanche avait été occupée par père Bush ; quelques années plus tard, son descendant G.W. Bush a été élu président des Etats-Unis.  Justin Trudeau, fils de la figure de proue du parti québécois Pierre Elliot Trudeau, a triomphé aux élections pour gouverner l’état fédéral du Canada. En Afrique, les monarchies, dont la dynastie alaouite du Maroc, prévoient le remplaçant du roi qui a rang de prince héritier. Sur la base d’institutions républicaines, quelques chefs d’états ont assuré leur succession, en désignant à l’avance un dauphin. Ce dernier serait un proche collaborateur,  en Angola, en Mauritanie, au Niger. Au Togo et au Gabon, les héritiers succédèrent à leur père défunt au sommet de l’état ; en RDC et au Tchad, le dirigeant brutalement disparu, a été remplacé par un descendant qui évoluait déjà au sein du système politico-militaire du pays. Quelques présidents, dont  Wade au Sénégal, Moubarak en Egypte, ont échoué dans la facilitation d’accès à la magistrature suprême de leur rejeton. Youweri Mousseveni, met le pied de son fils à l’étrier pour lui faire remplir un rôle officiel en Ouganda.

 

 

L’Afrique est particulièrement pointée du doigt, à cause de la longévité au pouvoir de dirigeants, ou  du tripatouillage des constitutions. La révision de la loi fondamentale amène le président de la république à rempiler les délais de séjour à la présidence. Sassou Nguesso au Congo, Ouattara en Côte-d’Ivoire, usèrent de nouvelle disposition légale, pour rallonger leur maintien dans le fauteuil présidentiel.Violant dans une mesure   les obligations constitutionnelles, le président s’installe indéfiniment au pouvoir Le chef de l’état perçu illégitime, devient la source d’atteinte aux institutions républicaines. Au Burkina Faso en 2014, en Guinée-Conakry sept ans plus tard, le régime en place fut emporté par des émeutes auxquelles les forces armées n’étaient pas restées indifférentes. A défaut d’avoir désigné son  dauphin dans le meilleur des cas, le président sortant s’octroie un mandat de trop qui n’est plus dans l’air du temps.

 

La chronique Jean-Touré Ousman depuis Niamey 

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