(Agence de presse panafricaine) -Après la déclaration officielle du premier cas testé positif au Coronavirus le 12 mars 2020, le Gabon a enregistré deux (2) nouveaux cas le 17 mars 2020 ce qui porte le nombre à trois (3) personnes infectées sur tout le territoire national, dont un malade est décédé le 20 mars 2020 selon la conférence de presse du Dr. Guy Patrick Obiang, porte-parole du Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre la pandémie à Coronavirus (COPIL-Coronavirus).

 

Aussi, toute personne infectée reste entièrement prises en charge médicale par l’Etat. Depuis l’annonce officielle du Coronavirus le 21 janvier 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soit 21 jours après l’alerte sanitaire lancée par le Médecin Chinois Li Wenliang, une psychose généralisée a permis aux dirigeants du monde de prendre un ensemble de mesures de prévention dans le cadre de la lutte efficace contre la propagation du Coronavirus. Au vu de la vitesse de propagation à l’échelle mondiale, il est plus qu’évident que le silence coupable de l’OMS dont la déclaration officielle tardive du 21 janvier 2020 a permis le déplacement d’un million de personnes depuis Wuhan pour différents pays du monde, selon les chiffres officielles des autorités municipales de Wuhan. C’est le début de la propagation à grande échelle qui n’a pas pu être stoppé par la fermeture des frontières et des gestes barrières, au point de faire dire à Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’OMS, que « l’Afrique doit se réveiller face à la menace du Coronavirus et se préparer au pire ». Déjà, les experts de santé avertissent que les systèmes de santé publique mis à rude épreuve en Afrique pourraient être rapidement débordés si le virus s’installait durablement, en particulier dans les zones urbaines voire rurales surpeuplées.

Depuis cet instant, le gouvernement gabonais n’a cessé de se prononcer sur la crise sanitaire mondiale avant d’enregistrer un cas testé positif au Coronavirus. Ayant pris un ensemble de mesures qui sont jour après jour réajustées selon le contexte international en lien avec le niveau de propagation du Coronavirus du moment, les nouvelles mesures font état de la fermeture des crèches, de bars, boîtes de nuit, établissements scolaires et universitaires, la limitation de vols commerciaux, l’interdiction de rassemblement de plus de 30 personnes, sans de mesures fortes d’accompagnement de l’Etat afin d’éviter un effondrement économique. Alors que la récente réunion des experts de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) qui s’est tenue à Addis Abeba en Ethiopie, a rappelé aux dirigeants africains la nécessité de « revoir et réviser leurs budgets pour redéfinir les priorités de dépenses à atténuer les effets négatifs attendus du COVID-19 sur leurs économies », le Ministre de l’Economie Jean Marie Ogandaga s’est lui voulu rassurant. Au détour d’une récente interview publiée dans l’article du 19 mars 2020 du média en ligne Gabon Média Time, il a ainsi souligné que « l’économie gabonaise est en capacité de supporter des chocs économiques ». Cette affirmation semble inappropriée pour un pays non résilient économiquement et dont l’économie nationale tournerait essentiellement autour de la vente brute des matières premières (bois, pétrole, minerais…) et des aides publiques au développement, tels que les treize (13) autres pays francophones d’Afrique. A l’absence de mesures d’accompagnement visant à amortir le choc pour les entreprises évoluant dans les secteurs les plus touchés, il sera ainsi difficile de maintenir le niveau d’activité actuel.

Aujourd’hui encore, il n’est pas possible pour le Gabon d’envisager le confinement généralisé (ou même un couvre-feu) des populations sans au préalable une véritable campagne nationale de dépistage obligatoire du Coronavirus. Certes, il existe officiellement trois (3) cas testés positifs au Coronavirus à ce jour dont la santé n’est plus un danger pour les populations depuis leur confinement, en plus des cinquante-sept (57) cas suspectés actuellement confinés. Pourtant, les Etats africain devaient tirer des leçons de la façon dont la propagation du virus s’est accélérée hors du continent. En plus de ce constat, à l’heure où les laboratoires et instituts de recherche de par le monde se lancent dans une course effrénée pour la fabrication d’un remède efficace contre le Coronavirus, tout en portant en triomphe les équipes de recherche et personnels de santé, le Gabon demeure certainement le seul pays au monde qui compte lutter efficacement contre le Coronavirus avec un personnel de santé et de prévoyance sociale en situation de grève illimitée. En effet, réunie ce 16 mars 2020 dans le cadre de leur assemblée générale extraordinaire, l’Union des Personnels de Santé et Assimilés (UPSA) a réitéré ses velléités de grève générale illimitée. Ce durcissement de ton serait dû au fait que les professionnels de la santé n’ont reçu aucune attention particulière de la part du gouvernement quant à leur chapelet de revendications qui les avait poussés à entrer en grève depuis le 24 février 2020.

Toujours lors de cette assemblée générale, le Secrétaire Général dudit syndicat Joël Ondo Ella a dénoncé un délaissement criant de la part de l’Exécutif qui ne favoriserait pas leur implication dans la lutte contre la propagation du Covid-19 en ses termes : « le personnel de santé n’étant même pas protégé dans le cadre du Coronavirus, n’étant pas formé, n’ayant aucun rudiment, nous pensons qu’il sera hors de question de les exposer ». A la suite de l’UPSA, le tour revenait à Adrien MOUGOUGOU, président du Syndicat des Médecins Fonctionnaires du Gabon (SYMEFOGA), de monter au créneau : « Nous pensons que nous avons suffisamment supporté cette situation. Nous en pouvons plus. Nous n’arrivons plus à assurer une sécurité sanitaire aux gens qui fréquentent les hôpitaux publics. Nous l’avons toujours décrié et nous pensons que ça découle principalement des rapports qu’il y’a entre le gouvernement, par le biais de la CNAMGS, et les hôpitaux publics ».

Pour rappel, le vendredi 13 mars 2020, le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale dans une déclaration officielle lançait un appel à l’union de la nation face à la crise sanitaire mondiale du Coronavirus et recommandait une trêve sociale. Ainsi, les syndicats (notamment l’UPSA) et autres partenaires sociaux étaient invités à unir leurs forces pour combattre efficacement ce virus et ce, en plaçant les intérêts de la nation au-dessus des intérêts particuliers. Malgré cet appel à la trêve sociale, le mouvement de grève de l’Union des personnes de santé et assimilés reste corsé avec une réduction du temps de service au sein des structures sanitaires publiques jusqu’à la date de paiement des revendications, à savoir prioritairement les primes impayées, la hausses des salaires selon les catégories professionnelles des agents de l’Etat et l’amélioration des conditions de travail.

Dr. Franck Elmer Essono Edoh

Sociologue et Consultant indépendant en développement des territoires

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here