(Agence de presse panafricaine) -Le Gabon bénéficie d’un financement d’un programme de la part de KAFACI (Korea- Africa Food & Agriculture Coopération Initiative) , qui est une organisation sud-coréenne. A cet effet, deux projets de recherche spécialisés ont pu voir le jour notamment le Programme National de Sélection et d’Amélioration Variétale et Production de Semences (PNSAV-PS) et le Programme de Protection des végétaux et de Gestion des Pesticides (PPVGP) qui travaillent sur les aliments très consommés au Gabon en l’occurrence le riz, les légumes et le maïs. C’est dans cette optique que le Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI, Sélectionneur senior riz et expert international en semences, responsable du PNSAV-PS, nous a accordé un entretien pour faire la présentation de ce vaste projet.
APP : C’est quoi KAFACi et Quels sont les objectifs de ce projet ?
Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI: KAFACI est l’acronyme de «The Korea-Africa Food & Agriculture Coopération Initiative» l’organisme de coopération intergouvernemental et multilatéral sud-coréen qui vise à améliorer la production alimentaire à travers un accompagnement technique et financier sur des projets de recherche développement des pays africains. Au Gabon, KAFACI finance quatre projets dont deux projets de riz conduits par le Programme National de Sélection et d’Amélioration Variétale et de Production de Semence (PNSAV-PS) et portent sur les thématiques ci-dessous : 1. Développement des variétés à haut rendement adaptées aux conditions agro écologiques de culture du Gabon : 2. Mise en place d’un système semencier formel pour la production de semence de qualité des variétés de riz et leur diffusion en milieu agricole gabonais
APP : Quelles sont les provinces impactées par ce projet et pourquoi ce choix ?
Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI: Toutes les provinces du Gabon pourraient être impactées par les deux projets de riz si le PNSAV-PS parvient à trouver des financements complémentaires et substantiels pour conduire les essais multi-locaux pour une meilleure sélection des variétés par province. Pour notre première phase, nous débuterons dans les provinces de la Ngounié, de la Nyanga et du Haut Ogooué.
APP : Ce programme pourrait-il permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en matière de consommation du riz au Gabon?
Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI: Le programme ne travaille pas sur la production du riz au Gabon mais sur la production de semences de qualité de riz des variétés de riz développées ou introduites par le PNSAV-PS. En effet, la sélection et l’amélioration des variétés adaptées aux conditions pédoclimatique de notre pays constitue l’une des principales missions du programme. Si on tient compte que la production de riz nécessite la semence de qualité, alors le PNSAV-PS pourrait, dans ce cas, participer efficacement pour atteindre l’autosuffisance alimentaire en matière de production de riz en utilisant des variétés à haut rendement.
Dans la quête de cet idéal pour notre pays, le PNSAV-PS a commencé à mobiliser son savoir-faire depuis près de 3 ans, mais d’autres acteurs doivent participer à cette initiative et faire du riz une opportunité en or pour l’employabilité des jeunes.
APP : D’après votre expertise de Sélectionneur Senior de Riz et Expert International en semences, quel bilan peut-on tirer ?
Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI: Nous tenons à souligner que depuis plusieurs années au niveau de la recherche scientifique la question de la semence a longtemps été reléguée au second plan, contre la multiplication du matériel végétal, à l’instar de l’ex CIAM. Il était donc nécessaire pour le PNSAV-PS de ramener l’attention de tout le monde sur l’importance de la semence de qualité dans la production. Ensuite, par des actions concrètes notamment la contribution effective et efficiente du programme sur la loi portant politique semencière des productions végétales au Gabon. Enfin, de façon spécifique, nous travaillons au niveau du site expérimental rizicole de Kougouleu sur la sélection des variétés de riz à haut rendement et la production des semences de qualité (prébase, base et commerciales) des variétés de riz déjà homologuées dans d’autres pays d’Afrique Sub-Saharienne en attendant de l’homologation et de l’inscription des nouvelles variétés au Catalogue National des Variétés (CNV).
APP :Quelles sont les perspectives ?
Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI: Après 3 ans de travail acharné sur plusieurs domaines d’activités couvrant le secteur semencier, nous pouvons affirmer ici que le débat sur la semence de qualité est désormais au centre de la réflexion de tous les acteurs du domaine agricole. Si des actions fortes telles que la promulgation de la loi portant politique semencière, la sélection des variétés à Kougouleu, la formation des jeunes ingénieurs sur les procédures de sélections variétales et la législation semencière au niveau mondial (Cours de l’UPOV) sont des avancées en la matière ; Il nous reste beaucoup de choses à accomplir pour développer le secteur semencier avec la mise en place des différentes chaines de valeurs des cultures. Il serait par exemple intéressant de travailler sur l’identification des variétés locales connues pour toutes les spéculations à l’échelle nationale pour commencer par un « Répertoire National de variétés en attendant la mise en place du Catalogue National des Variétés (CNV). Le PNSAV-PS mérite d’être équipé en matériel de nouvelle génération (aménagements du site avec un système d’irrigation adapté), les bâtiments (salles de stockage, banques de gènes, blocs de croisements, aires de séchages, …) pour lui permettre de jouer pleinement son rôle et d’être en phase avec les autres organisations régionales et internationales travaillant sur la semence pour une meilleure collaboration.
APP : l’Agence de Presse Panafricaine vous remercie.
Dr Yonnelle Déa MOUKOUMBI: Je vous remercie pour l’intérêt
Entretient mené par Ulrich Corso Sima Ella,correspondant (App) Gabon