(Agence de presse panafricaine)-Le 35e sommet de l’Union africaine (UA) s’est achèvé le dimanche soir 6 février à Addis-Abeba. Outre les récents coups d’États en Afrique de l’Ouest ou la guerre civile en Éthiopie, un autre sujet brûlant s’est invité à l’événement : l’arrivée massive de mercenaires sur le continent africain. Au Mali, les dirigeants continuent de nier la présence du groupe russe Wagner. Mais le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA, Bankole Adeoye a rappelé le danger de ces groupes.

 

 

Depuis plusieurs années, la Russie avance ses pions sur le continent africain à travers les mercenaires de la société Wagner. Leur arrivée au Mali, fin janvier 2021, a soulevé des questions sur la véritable influence et l’efficacité de ces troupes irrégulières. L’Union africaine, qui organisait son sommet les 5 et 6 février à Addis-Abeba, a brièvement condamné «l’émergence de ce phénomène nouveau». Lors de ce sommet, marqué par la condamnation unanime de la vague de coups d’États en Afrique de l’Ouest, la question de l’intervention de paramilitaires étrangers a été soulevée par le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, Bankole Adeoye. Lors de son allocution, le Nigérian a appelé à un effort commun pour «exclure complètement les mercenaires de notre continent». Pour cela, il souhaite la coopération du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que de l’Union européenne. En effet, Addis-Abeba, capitale éthiopienne, accueillait le samedi 5 février le 35e sommet de l’Union africaine (UA) pour deux jours au siège de l’organisation panafricaine. Le chef de l’État sénégalais Macky Sall prend la présidence tournante de l’UA après le mandat du Congolais Félix Tshisekedi.

 

Sursaut d’intelligence

Dans son discours d’ouverture traditionnel, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat a défendu sa décision controversée d’accorder le statut d’observateur à Israël. Il a surtout pointé du doigt les lacunes de l’UA face aux défis du terrorisme et des coups d’État à répétition sur le continent. Moussa Faki Mahamat parle même de handicap. Le président de la Commission de l’Union africaine n’a pas mâché ses mots sur les défis qui se posent à l’organisation: «Une dangereuse résurgence des changements anticonstitutionnels ainsi que le fléau du terrorisme qui prend une ampleur inégalée en gagnant des régions du continent jusque-là épargnées». Moussa Faki Mahamat estime que faute d’un sursaut d’intelligence et d’une nouvelle approche de l’Union africaine face à ces défis, se posent «de sérieuses questions sur sa capacité à faire taire les armes». Il réclame notamment plus de pouvoir pour le président de la Commission de l’UA, plus de marge de manœuvre pour l’organisation sous peine, sinon, de la voir sombrer «dans un sommeil progressif au plan politique et diplomatique».

 

L’observateur israélien à l’UE au cœur des débats

Mahamat a aussi défendu son choix d’accorder le statut d’observateur à Israël, en juillet dernier. Il a assuré que ce choix n’entamait en rien l’engagement «immuable» de l’Union africaine en faveur de la quête de liberté des Palestiniens… et pouvait au contraire constituer «un instrument au service de la paix». Surtout que «Le statut d’observateur accordé à Israël permet de redonner à l’organisation panafricaine plus de latitude et de possibilités de jouer son rôle dans la promotion des décisions sur la question pour la concrétisation du principe de deux États palestinien et israélien vivant en parfaite harmonie». Alors qu’un débat la veille du débat sur la question prévu ce dimanche sur ce sujet à la demande de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, Moussa Faki Mahamat a mis en garde contre toute tentative «d’instrumentalisation» de cette question à des fins politiques. De son côté, c’est un véritable plaidoyer contre ce statut d’observateur pour Israël qu’a livré le Premier ministre palestinien Mohamed Shtayyeh. «Une récompense imméritée», selon lui, pour un État accusé cette semaine par Amnesty international de mener une politique d’«apartheid».

 

Pratiques discriminatoires

«Nous appelons au retrait et à l’objection du statut d’observateur israélien auprès de l’Union africaine. Il s’agit d’une récompense qui encourage Israël à continuer de violer les traités internationaux. Je fais confiance à votre sagesse et à votre jugement. Car l’Union africaine a constamment résisté au colonialisme et à l’apartheid et toujours rejeté et condamné les pratiques discriminatoire d’Israël». Ce débat, qui s’annonce houleux sur ce sujet, était à l’ordre du jour dimanche dernier.

 

Endy Ngueng pour (App)